10 oct. 2010

01 octobre 2010, T.T.A., un petit jeu de cartes bien sympathique.





Nous étions quatre Jean Baptiste, Vince, dodo et moi et fermement décidés à découvrir ensemble ce jeu qui était en passe de devenir mythique sur ce forum -- mythique au sens où on en parlait beaucoup mais on ne le voyait jamais . Through the Ages - A story of Civilization TTA, pour les intimes.



Allons tout de suite à l'essentiel: dodo a mis la barre très haut, comme d'habitude: quand on est arrivé le jeu était déjà installé et il avait pris le temps de nous préparer des petits gâteaux individuels, fort bons ma foi. Un peu comme quand on joue à Race avec lui on se dit qu'on va avoir du mal à faire mieux. Pourtant, accrochez vous bien, il n'a pas gagné cette partie, malgré sa connaissance du jeu, puisque la pendule nous a terrassé.

Pas très grave, nous n'étions là que pour découvrir et dégrossir ce jeu monstre. Après une longue explication des règles qui soit sont extrêmement claires malgré leur complexité, soit ont été très bien expliquées, voire les deux, nous nous sommes lancés dans le développement de nos civilisations. Effectivement, ce jeu est assez énorme, et j'ai mieux compris l'enthousiasme de dodo et de quelques autres trictracien. J'ai mieux compris aussi pourquoi le jeu est compliqué à placer.

Nous avons fait cette partie d'initiation visant à comprendre les bases et les principes du jeu, dans sa version complète, en mode non-bisounours, dans une configuration quatre joueurs qui n'est pas la plus abordable. (A ce propos, même si c'est un peu trop long, dans l'ensemble et entre les tours, à quatre, j'ai bien aimé la tension qui se dégageait, en particulier quand nous regardions JB, à la manière dont les aigles regardent les petits lemmings, ainsi que les possibilités diplomatiques. A deux ou trois, ce qu'on gagne en temps on le perd un peu, sans doute, dans ces domaines)


Contented Gamers

La partie, donc, fut tronquée malgré sa durée de quatre heures trente, truffée d'erreurs de règle malgré la longue explications, le tout VO avec des "uncontended population" que dodo nous a patiemment expliqué. Pour compléter le tableau, j'étais vraiment à la ramasse, non seulement sur le plan stratégique, mais sur le plan de la compréhension des mécanismes. Le cerveau double-core des matheux autour de la table surpassait beaucoup dans ce registre de mon cerveau "pentium 75" de matheux repenti.

Tout cela aurait pu constituer un handicap, pourtant j'ai été enthousiasmé par la partie et le temps est passé très vite. Quand il m'a dit qu'il manquait 1h30 pour finir la partie, je me suis dit dommage. L'empilement de micro-règles, de niveaux de jeu ainsi que la constante manipulation de jetons/surveillance de niveaux est presque pénible et on a parfois du mal à saisir la linéarité du jeu, mais l'ensemble fonctionne parfaitement du fait de ce tour de force qui consiste à représenter l'évolution d'une civilisation dans le temps, l'espace, les techniques, ses mouvements de population et ses guerres sans utiliser de cartes géographique. Dans la boite étonnement petite, on ne trouve en effet pas de petits soldats, de mappemondes ou de maisons en plastique, uniquement un ensemble de cartes avec du texte et/ou des illustrations sommaires et des jetons. Un peu étonnant et inquiétant au départ.


"Civilisé, moi ? Jamais !" déclare M. Gengis Khan au micro de notre envoyé spécial.

Le plus époustouflant, c'est que ça fonctionne: un peu comme dans Endeavor, l’abstraction permet vraiment de raconter une histoire, de la développer longuement et, partant de là, nous fait avaler les couleuvres et les grosses ficelles. Le matériel est très sec, austère dans sa forme et des dans ses illustrations, mais produit étrangement beaucoup plus de narration et d’imaginaire que des plateaux et des figurines pleins de crème Chantilly. Je ne comprenais pas pourquoi les gens criaient au génie avec cet auteur, mais maintenant, après avoir essayé Space Alert - Dungeon Lords et TTA, je vois mieux.

Je serais très curieux de savoir à quel point Sankt Petersburg a pu être une influence pour l'auteur. Le card-row (les cartes qui défilent et disparaissent sur une ligne), la main limitée et bloquée très handicapante, la sensation d'être toujours au rouble près, se retrouvent bien exploitées ici. Étrangement, plus qu'à un quelconque jeu de civilisation, où aux autres ouvrages de l'auteur dont on retrouve des relents (Dungeon Lords ou Space Alert, par exemple), c'est vraiment à SP qu'il m' a fait penser.

Au final, la partie s'est conclue sur un KO technique plutôt qu'aux points, l'épuisement d'un joueur: mon cerveau a fait tilt et avait besoin d'être rebooté. En fait, c'était l'heure. JB et Vince ont fait bonne figure, dodo s'est révélé un professeur patient et efficace, et moi j'étais bien content de commencer à entrevoir la lumière. J'ai bien envie de réessayer une version complète maintenant que les règles sont intégrées.

On touche là, peut-être, à ce qui est l'un des intérêts principaux de ce forum pour moi: la possibilité de nous faire rencontrer des jeux à coté duquel on serait passés sinon. TTA, franchement, avec ses textes en anglais, l'aridité de son matériel, sa durée de 5h, je me disais à priori PPM (pas pour moi.) C'est un peu comme si vous m'aviez invité à voir un film conceptuel de 4h, en VO non sous-titrée, , tourné en plan fixe et en lumière naturelle, sur la condition des mineurs de fond chinois juste illustré par une musique annoncée comme post-industrielle et opressante, considérée par l'auteur comme une inutile concession commerciale.

Au final, en un mot c'était passionnant. Loin, très loin d'être parfait, mais passionnant. Le seul bémol est peut-être celui que Bruno Faidutti pointe dans un excellent article.

"Pour illustrer cette nécessité d’adaptation du contenu au support, il peut être intéressant de se pencher sur les jeux victimes, selon moi, d’une erreur de casting. Si je n’ai pas aimé Galaxy Trucker et Space Alert, ce n’est pas parce que ce sont de mauvais jeux. Ce sont, je pense, d’excellents jeux, profondément originaux, mais qui souffrent des limitations imposées par le format « réel », en boite. Concrètement, le matériel impose une logistique complexe qui ralentit le jeu et enlève beaucoup au plaisir des joueurs. L’utilisation du support informatique aurait permis de dispenser les joueurs de toute une gestion complexe, et sans doute autorisé quelques raffinements supplémentaires. Galaxy Trucker et Space Alert donnent l’impression que Vlaadâ Chvatil a voulu réaliser des jeux videos sans ordinateur. Il y est parvenu, cela fonctionne, mais on ne peut que suspecter que cela fonctionnerait mieux encore avec un ordinateur. On y ressent, à rebours, la même frustration qu’en jouant aux Aventuriers du Rail en ligne(http://www.auteursdejeux.com/10/page80.html)

Dodo, d'ailleurs, disait à propos de l'adaptation du jeu en ligne que la suppression de la manipulation et des calculs est agréable, mais ont doit perdre pas mal l'aspect humain. Rémy, Sylvia, Jérôme, si vous ne le connaissez pas encore, je vous le conseille. Ce jeu semble à priori pour vous aussi. François, je ne saurais trop dire si ça va te saouler ou te plaire.
D.A
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 Je vais devoir en rajouter alors... c'était VRAIMENT un super jeu, vivement VIVEMENT la prochaine vraie partie !Comme je ne sais pas broder comme le fait Damien et trouver un parralèle entre TTA et les mineurs chinois, je fais dans le syntétique :

1) J'étais ravi de découvrir ce bijou ludique
2) C'est un jeu que l'on doit découvrir avec un fin connaisseur, sinon c'est chaud
3) Le temps passe vite (je vole les répliques de Vince !)
4) Dodo est au poil, tant dans l'accueil que les explications, et par son pacifisme dans ce jeu (involontairement !)
5) James Cook est un bon gars, tant qu'il n'est pas lachement assassiné par un lache (dont je tais le nom)
6) Vince est un lache
7 les fins de parties doivent être mortelles, on peut se faire détruire en 1 tour de jeu
8) Damien aime le despotisme
9) Damien aime Jeanne d'Arc
10) Damien triche un peu aussi
11) 'a trop de trucs à dire sur une partie de ce jeu
12) ne vraie partie, avec de vraies guerres et des attaques violentes serait peut-être source de conflits même entre joueurs sympathiques, car c'est quand même assez blasant de se faire défoncer par 3 joueurs (et encore vous avez été softs !).
J.B.

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